Aujourd’hui, expédition à Nioumoune. Le mot n’est pas trop fort. Le rassemblement est fixé à 8 h, 4 mini-bus sont prévus, pour le transport jusqu’à Elinkine, de la quarantaine de participants. Après quelques déboires au moment du coup de sifflet de départ, nous prenons place dans les véhicules. La route jusqu’à Oussouye se déroule plutôt bien, et tous ceux qui ont encore dans les lombaires la chaussée particulièrement accidentée de la veille, entre Bignona et Diouloulou, parlent même, par comparaison, d’une piste de billard. Mais ils vont vite déchanter car, après le grand carrefour, nous quittons le goudron pour une piste, comment dire, d’entraînement de stock-cars…..
Mais nous arrivons finalement à peu près à l’heure à Elinkine, juste à temps pour la pirogue. Nous découvrons aussi, à ce moment là, la pirogue-ambulance, objet de la livraison du jour.
Un vrai transport de VIP : sièges larges, toile protectrice pour le soleil. Un minimum quand il s’agira de déplacer des malades ou des blessés. Un brancard peut même être installé si besoin.
Pour le reste de la troupe, ce sera bain de pieds, escalade et contorsion pour remplir, tout en maintenant l’équilibre, la grande pirogue villageoise. Distribution de gilets de sauvetage, mesure de protection pour le soleil, chacun cale une fesse comme il peut sur les planches étroites et aspire à l’air du large afin que la brise assèche la sueur coulant à flot sous la chaleur accablante. Composition de l’équipage : 43 toubabs et 8 sénégalais.
Le départ est enfin donné. A peine 1minute de navigation, nous sommes interpellés par le poste voisin de l’armée sénégalaise. Avec notre sens de l’humour habituel, les blagues fusent » Josiane, ramasse les passeports », » Préparez les pouces pour les empreintes. »etc, etc….
Mais la plaisanterie s’est transformée en réalité et il a bien fallu remettre, au dessus de l’eau, dans un pseudo-équilibre bercé par les flots, nos sésames, qui seront à peine regardés par les soldats. Pourquoi ? Mystère.
Nous pouvons ensuite repartir et remonter le bolong jusqu’à l’embranchement avec le lit principal du fleuve.
Après 1 heure de navigation, certains s’affolent : de l’eau entre au fond de la pirogue ! Cela fait bien rire le capitaine. Pour lui, il n’y a même pas de quoi écoper……
Sous l’effet de la chaleur, la fatigue commence à se faire sentir et on ne voit bientôt plus qu’une masse orange affublée de chapeaux. Certains ont fait preuve d’originalité pour éviter le coup de soleil sur les oreilles.
Enfin, après 2 heures de traversée, nous pénétrons dans un bolong qui doit nous conduire sur la commune de Nioumoune. Comment le capitaine sait-il qu’il s’agit de la bonne entrée ? Nous sommes admiratifs car, pour nos yeux de citadins, aucun indice ne permet de nous situer. (Et le capitaine n’a pas de GPS)
Sur l’embarcadère, toute la population de l’île et des îles alentours s’est massée pour nous attendre, les autorités, les enfants des écoles, au rythme des djembés et des percussions. La pirogue a même effectué plusieurs tours d’honneur avant d’accoster, sous les applaudissements.
Puis la réception officielle peut commencer, sous la présidence de sa Majesté la reine de Nioumoune. Discours, entrecoupés de chants et de danse, le tout piloté par un maître de cérémonie.
Toute la population adresse ses remerciements chaleureux à Marc Kikberger et Yacinthe Diédou, à l’initiative du projet de pirogue-ambulance, un projet qui voit son aboutissement aujourd’hui après plusieurs années de démarches.
Un repas collectif nous attend dans la salle municipale : Tiep poisson. Avant de servir, les femmes du village viennent honorer la reine de Nioumoune, ainsi que la représentante du poste de santé.
Et, toujours en musique, entourés des groupes de danseuses costumées, nous terminons l’après-midi dans cette générosité débordante qui nous va droit au coeur.
Au moment de notre départ tout le village est là, à nouveau, à l’embarcadère. Notre pirogue accueille aussi quelques villageois qui profitent du transport.
C’est donc bien chargé que le bateau prend le chemin du retour, sous le soleil couchant ; La lumière rasante enflamme la mangrove et le plumage des hérons cendrés prend des teintes automnales.
Il y a de l’émotion dans l’air tellement ces moments de rencontre que nous venons de vivre ont été forts. Merci à toute la population de Nioumoune et ses îles alentour.
PS : Nous avons remontré nos passeports aux mêmes militaires avant d’arriver à Elinkine. Heureusement, le soleil déclinant a facilité notre attente. Il a fallu parlementer, une histoire de nombre de passagers, qui nous a fait craindre une « zone de rétention » de plus…… Mais tout s’est bien terminé, comme toujours.
Un petit coucou de Diana Malary
Nos amis en mission à Diana Malary n’ont pas chômé non plus : 47 consultations, une tranchée pour l’adduction d’eau (en attendant, il faut se contenter d’une « douche économique »)
et pour clore la journée, un coucher de soleil digne d’un film hollywoodien……
Clin d’oeil
Quand le taxi se fait rare, on choisit le mode de transport disponible……..
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J’adore le look de Jean–Pierre. Très inventif !
Merci de nous faire encore partager cette merveilleuse journée. C’est magnifique et les gens sont accueillants. Belle récompense de votre investissement humain, généreux et fraternel.